L’apprenti assassin
« L’histoire des Six-Duchés se confond nécessairement avec celle de leur famille régnante, les Loinvoyant » note Fitz dans une énième tentative de rédiger l’histoire du royaume avant de faire une « bavure d’encre sur le papier de Geairepu » (p. 11). Il hésite, se demande s’il peut « écrire cette histoire ou si, à chaque page, transparaîtra un peu de cette amertume [qu’il croyait] éteinte depuis longtemps (p. 12).
Ses souvenirs remontent à ses six ans. Ils « sont presque physiques : [il ressent] encore la tristesse froide du jour finissant, la pluie implacable qui [le] trempait, les pavés glacés des rues de la ville inconnue, même la rudesse calleuse de l’énorme main qui enserrait la [sienne], toute petite » (p. 13). Un vieillard amène « le gamin » à Castelcerf où le garde demande de qui il est.
« De Chevalerie, répondit le vieil homme […] Le prince Chevalerie, ajouta-t-il sans s’arrêter. Celui qui est roi-servant » (p. 15). Et c’est ainsi que Fitz atterrit entre les mains du maître d’écurie Burrich, l’homme-lige du roi-servant Chevalerie, jusqu’au retour de Chevalerie. Burrich installe le petit auprès de la vieille chienne Renarde dans le chenil le temps qu’il sache quoi faire de l’enfant.
Fitz fut « un échec monumental » (p. 27) pour son père Chevalerie et son épouse Patience. Le roi-servant renonce à ses prétentions au trône et se retire avec sa femme à Flétribois. « Et c’est ainsi qu[e Fitz entra] à Castelcerf, enfant unique et bâtard d’un homme qu’[il] ne devai[t] jamais connaître. Le prince Vérité devint roi-servant et le prince Royal monta d’un cran dans la succession. Si [s]on rôle s’était borné à naître et à être découvert, [il aurait] déjà laissé une trace indélébile dans tout le pays. [Il grandit] sans père ni mère dans une cour où tous [l]e considérait comme un catalyseur. Ils ne se trompaient pas (p. 27).
En effet, le roi Subtil décide bientôt de faire de Fitz un assassin royal et lui impose une éducation princière. Pendant ce temps, les attaques des Pirates rouges mettent en péril la contrée, en particulier après qu’ils aient commencé à « forgiser » les sujets. Commence alors pour le jeune Fitz un très long voyage initiatique… qui ne se terminera que dans la suite donnée à cette série en treize tomes, Le Fou et l’Assassin, qui, lui, comporte six gros volumes.
Salué par George R.R. Martin et souvent comparé au Seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien, L’apprenti assassin et sa suite sont un véritable chef-d’œuvre de la littérature de fantasy.
Hobb (Robin), L’apprenti assassin, Pygmalion, 1998.