Le bonheur en partant a dit qu’il reviendrait
On dit souvent que « la foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit » (p. 101), mais Cindy et Jérôme peuvent attester que si – elle tombe où elle veut, quand elle veut, parfois même au même endroit. Ils sont les heureux parents d’un petit gars, Aaron, et les voilà partis pour une nouvelle aventure. Cela dit, cette aventure ne se terminera pas par des nouveaux cris de bébés ou des tétés, non, cette fois-ci, la roue a tourné. Le petit garçon qu’ils attendent impatiemment, qui a déjà son petit prénom, Mahé, « n’est pas porteur de trisomie 21. Ni de trisomie 18. Mais il reste des analyses à effectuer » (p. 43). Quand les résultats finaux tombent, ce n’est pas bon. Pas du tout. « Les analyses démontrent une trisomie en mosaïque sur le chromosome 9 » (p. 44).
La généticienne dit « que c’est un lourd handicap » et que « [l]’espérance de vie est courte pour ces personnes » (p. 46). Et poursuit en disant qu’il est « primordial » qu’ils sachent qu’elle peut « subir une interruption médicale de grossesse » (p. 47). Cindy s’interroge : « Qui sommes-nous pour avoir à décider si notre fils doit vivre ou non ? ». Ils finissent toutefois pour se mettre d’accord pour un IMG. Là voilà, « à sept mois et demi de grossesse, chez [elle], à vivre les derniers instants avec [son] bébé » (p. 49). « Ce n’est pas dans l’ordre des choses de perdre son enfant » (p. 52), comme l’exprime si justement Cindy.
Quelques mois plus tard, un bébé espoir se niche de nouveau dans l’utérus de Cindy. C’est une fille ! Les mois passent et tout va bien pour la petite puce qui grandit tranquillement, bien au chaud, au creux du ventre de sa maman. Puis arrive ce jour fatidique, à trois jours du déclenchement programmé, où Cindy ne ressent plus les mouvements de sa fille à naître, Théa. Elle « essaie de [se] persuader que [sa] fille va bien, qu’elle [lui] fait une blague, quelques jours avant [leur] rencontre » (p. 72). D’ailleurs la sage-femme trouve un battement de cœur, faible, mais bel est bien là.
Alors, il y a un espoir. Vite une césarienne, il faut sauver ma fille, je ne vais pas supporter de la perdre. Pas elle. Pas encore (p. 72).
Mais quand la docteure pose la sonde sur son ventre, elle ne trouve plus d’activité cardiaque. Théa a fini de vivre. Elle est morte et ses parents ne l’entendront jamais pousser son premier cri. Ils ont « raté [leur] rencontre à trois jours près » (p. 79).
Comment survivre au décès de son enfant ? De ses enfants ? Comment continuer à vivre avec ce trou béant dans la poitrine, ce berceau de nouveau vide ?
Ce prénom que j’aimais tant, je ne le prononcerai pas comme je l’avais imaginé : en l’appelant pour encourager ses premiers pas, en lui souhaitant un joyeux anniversaire ou en lui criant dessus pour aller au bain (p. 81).
Cindy se retrouve « entourée de femmes enceintes ». Elle « ferme les yeux » pour ne « plus voir ce bonheur qu’on [lui] a arraché » (p. 90). Elle a « l’impression que [son] ventre est un cercueil » (p. 103).
Avec Jérôme, ils décident malgré tout d’oser y croire encore une fois. Quelques mois plus tard, le test de bêta-hCG montre un « début de grossesse » (p. 112), mais Cindy n’ose pas y croire. « D’ailleurs, qu’est-ce qui m’attend, ce coup-ci ? Une fausse couche, un accouchement prématuré ? » (p. 112). Elle aimerait « ne pas [s]’attacher au bébé, pour ne pas replonger dans l’enfer s’il venait à lui arriver malheur » (p. 114), mais cette fois-ci Mayane viendra combler la famille : « Elle crie. Elle est vivante. C’est fou, j’ai vraiment du mal à réaliser. Je ne suis pas émue, je suis surprise » (p. 128).
Le parcours n’aura pas été simple, il faut pouvoir descendre très bas pour pouvoir se relever, mais notre exemple montre qu’il ne faut jamais perdre espoir (p. 148).
Cindy Bouquemont, Le bonheur en partant a dit qu’il reviendrait, 2020.