Roman épistolaire

Les charentaises du Prince charmant

Violette, une jeune fille intelligente à la créativité débordante, s’ennuie en cours. Toutes ces heures qu’elle occupe à des activités parallèles comme de jouer au morpion, faire des chapitres d’avance en maths ou encore s’écrire des messages codés qu’elle est la seule à pouvoir lire. Elle a aussi un grand secret qu’elle ne risque pas de divulguer vu qu’elle n’a pas d’ami avec qui le partager. Mais voilà que Béatrice débarque dans sa vie. Les fêtes de fin d’année obligent, la famille élargie se réunit pour des repas interminables. Les deux cousines se trouvent et elles décident de garder le lien. Une amitié aussi inattendue qu’inespérée les lie désormais. Nous sommes en 1976, à l’époque où l’on s’écrivait encore des lettres. Il y est question de profs cruches, de parents absents qui n’y comprennent rien, de solitude, de cystites à répétition, mais aussi de recettes de cuisine et de projets d’avenir…

Convaincue qu’elle sera femme de médecin, Violette se prépare pour son futur. Mais d’où lui vient cette certitude ? Béa l’interroge : « Tu as décidé de faire tous les toubibs du Bottin pour en trouver un à ton goût ? » (p. 23-23). Ce n’est qu’au fil des lettres et surtout après la promesse solennelle de ne rien répéter que Violette trouvera le courage de mettre des mots sur ses maux. Mais quel est ce secret qui l’habite ? Violette ne sait pas comment démêler le vrai du faux, le bon du mauvais, les caresses qui font du bien de celles, corrosives, qui abîment corps et âme. Comment son amie Béa va-t-elle recevoir son secret ? Et que faire quand le secret n’en est pas un, mais que c’est un leurre, une trahison au plus haut point ? À qui le dire ? Comment ?

Dans ce roman épistolaire, Sophie Helmlinger aborde un sujet tabou avec tact, pudeur et bienveillance. Elle réussit parfaitement bien à saisir l’ambivalence qu’il peut y avoir dans les situations où l’enfant est non seulement agressé dans sa chair, mais leurré jusque dans les émotions suscitées par une relation abusive et trompeuse.

Sophie Helmlinger, Les charentaises du Prince charmant, 2018.